Nous vivons dans un monde qui, de façon croissante, valorise l'individualisme, le chacun pour soi. Chacun veille à ses propres intérêts, à la satisfaction de ses désirs et de ses ambitions, sans aucune considération pour le comportement que l'on se doit avoir à l’égard de son prochain pour ne pas porter atteinte à son intégrité physique et morale, pour respecter son honneur et sa sensibilité. Certains, même, se montrent prêts à détruire ce prochain pour arriver à leurs fins.
La modestie et l'humilité sont perçus comme des comportements de faiblesse, plutôt que des valeurs à cultiver.
Dans un tel contexte, le doute s'instaure dans le choix de vie et de la transmission des valeurs.
Selon nos sages, l'approche juive de la sagesse doit être beaucoup plus que théorique. Les connaissances acquises doivent également former le caractère, et ce qui est beaucoup plus important, influencer le comportement. Parfois même, accomplir son devoir religieux ou respecter les interdictions qui nous sont imposées suscitent un conflit intérieur car cet accomplissement va à l'encontre de nos tendances et désirs naturels. Le propre du sage est d’avoir réussi à se transformer pour surmonter pleinement ce conflit intérieur.
Parmi les types de conduite appropriées, un sage doit juger tout le monde dans une optique favorable, faire la louange de son collègue et ne jamais rien mentionner de gênant à son égard, même s'il est possible qu'il voie des manquements dans le caractère de son collègue. La Torah nous enseigne que même en condamnant un comportement inacceptable, nous ne devons jamais perdre de vue notre rôle essentiel : tendre la main, aider, et encourager chacun des membres de la société quelque soit sont statut ; si possible faire l'effort de ne pas réagir ni aux provocations, ni aux agressions, mais au contraire opposer affection et gentillesse car les attributs positifs sont plus puissants que les attributs négatifs.
En travaillant le regard que nous posons sur les différences de notre prochain, en apprenant à surmonter la peur et l'angoisse de l'autre, en apprenant à lui faire confiance, en l'aidant à mobiliser ses capacités et son potentiel, en fédérant l'ensemble des forces vives, nous contribuerons à aller vers un monde meilleur, un monde un peu plus bienveillant au sein duquel nous pourrons tous ensemble, mieux grandir, surmonter nos épreuves, nous épanouir, nous réaliser et réaliser surtout la richesse qu'apporte le partage.
Rav Perets Partouche